Cette étude dépasse le simple cadre d’une évocation nostalgique des boutiques, d’un univers pittoresque dont les Réunionnais ont gardé le souvenir. Elle replace le commerce chinois dans un contexte global, en explorant ses racines profondes dans le temps et l’espace. Elle couvre la plus grande partie de la période historique pour La Réunion. Elle va du début du XIXe siècle lorsque Maurice devient possession britannique et que l’engagisme s’y développe à la veille de l’abolition de l’esclavage, et elle se prolonge jusqu’à nos jours. L’autrice explore les réseaux des marchands du Fujian (province méridionale côtière de Chine), qui, depuis des siècles, parcouraient les Mers du Sud, l’Océan Indien, l’Asie du Sud, l’Inde et les côtes de l’Afrique de l’Est. Au début du XIXe siècle, ces marchands ont jeté les bases du commerce chinois à Maurice, alors devenue colonie britannique. L’économie sucrière de La Réunion et les lignes de force de la société de plantation ont dessiné l’arrière-plan sur lequel ce commerce s’est implanté et a évolué. Cette étude se poursuit jusqu’à nos jours en tenant compte de la départementalisation et du contexte lié à la décolonisation, en s’attachant à la régionalisation de l’île, en se penchant sur le rôle de l’Europe et sur les leviers de la mondialisation, des mouvements transnationaux et internationaux, avec les pays de la zone indiaocéanique, la France, l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Le développement de la société de consommation sous l’effet des transferts financiers depuis la métropole après la deuxième Guerre Mondiale a joué un rôle déterminant. L’autrice s’intéresse en particulier à l’héritage économique, social et culturel que les boutiques ont laissé. Elle s’interroge sur leur devenir dans le monde des hypermarchés, de la réhabilitation des espaces urbains et du e-commerce. Elle esquisse aussi les contours d’une diversification professionnelle qui injecte un nouveau dynamisme à l’économie de La Réunion.
